Finance et entreprise, en ces temps si hostiles aux chiffres, le financement privé de la culture est une aubaine pour beaucoup. Il est sans doute une manière pour cette dernière de devenir indépendante et autonome face aux financements de l’état. Simple penchant d’une entreprise, ou vraie stratégie, le mécénat culturel est une planche de salut qui fait ses preuves depuis des années, des grandes entreprises aux quatre coins du monde financent le cinéma, le théâtre, l’art contemporain et la littérature. Certaines s’imposent même comme une référence, pour ne citer qu’elles : la Fondation Cartier pour l’art contemporain ou à la Fondation d’entreprise Hermès…
À la première édition en 1997, COMAR ne s’imaginait sûrement pas qu’en 2017, plus d’une quarantaine d’œuvres littéraires se concurrenceraient pour décrocher le COMAR d’OR. Cette entreprise fut une des premières à se lancer dans le financement de la culture en Tunisie. De Faouzia Zouari à Yamen Manai, en passant par Anouar Attia, le COMAR d’OR est devenu une plaque tournante de la littérature tunisienne.
Le tissu économique est majoritairement fait d’entreprises privées, imaginons que chacune d’elle se lance dans le mécénat culturel en finançant des projets et des évènements dans tout le pays, on pourrait alors croire à une scène artistique plus solide financièrement, et épanouie.
Le mécénat culturel, une affaire d’argent, mais pas que. Il s’agit d’un choix de placement financier sans intérêt mercantile en retour. Une initiative de financement de la culture qui peut connaître des périodes difficiles, comme en 2008 quand la crise financière a fait des ravages en diminuant drastiquement l’apport financier des entreprises à la culture.
L’histoire du COMAR d’OR est liée à celle de la volonté d’un homme, celle de M. Rachid Ben Jemia, un amoureux de la culture qui est à l’origine de cet événement littéraire devenu incontournable. Au-delà d’encourager les Tunisiens à l’écriture et à la lecture, l’initiative touche aussi la politique de management de l’entreprise. Dans une interview accordée à Web manager center, il déclare : « Car nous comprenons que le sort du personnel croise et se confond dans celui de l’entreprise, nous comprenons qu’un personnel mal dans sa peau le répercute inéluctablement sur son travail. Cela, on ne le voudrait pas. Aussi, avons-nous une politique d’intéressement : une partie du bénéfice profite à notre personnel. Et c’est d’ailleurs notre personnel qui organise et réussit depuis plusieurs années deux opérations de mécénat : le marathon et le COMAR d’OR. COMAR est une famille évoluant au sein d’une entreprise. »
L’exception, aujourd’hui, pour une entreprise n’est pas de faire du chiffre, mais de participer à la dynamique de la cité. Il est plus facile d’être un homme d’affaires doué, qu’un homme d’affaires visionnaire, conscient et cultivé. Si le COMAR d’OR est aussi une occasion pour les assurances du même nom d’avoir du poids dans le paysage culturel, et ainsi se diversifier et renforcer son image de qualité, il est indéniable que l’intention de l’entreprise est de changer les choses. Changer les choses, ne doit pas être qu’une ambition individuelle ou politique, elle doit aussi être celle des entreprises.